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Durabilité environnementale et sociale

Enjeux de la coopération environnementale Europe – Afrique :

Introduction

La protection de l’environnement et la préservation des ressources naturelles constituent de nos jours une priorité d’ordre planétaire. En effet, les questions de la gestion durable intégré et participative des ressources naturelles interpellent aujourd’hui, et à plus d’un titre, les gouvernements, les acteurs politiques, économiques et sociaux, les ONG ainsi que les organisations et institutions internationales. Ces dernières furent d’ailleurs, les initiateurs de cette prise de conscience croissante et à grande échelle de la communauté internationale sur la nécessité de préserver les ressources pour les générations actuelles et futures et furent les premières à adopter des conventions internationales qui plaident en faveur de la protection de l’environnement.

C’est ainsi que le concept d’écodéveloppement a pu émerger inspirant le texte fondateur de la déclaration de la conférence sur l’Environnement tenue à Stockholm en juin 1972, à l’initiative de l’assemblée générale des Nations unies : « L’homme a un droit fondamental à la liberté, à l’égalité et à des conditions de vie satisfaisantes, dans un environnement dont la qualité lui permet de vivre dans la dignité et le bien-être » (principe 1). Il a aussi « le devoir solennel de protéger et d’améliorer l’environnement pour les générations présentes et futures », qui ne peut être garanti que par le développement économique et social (principe 8). [1]

Depuis lors, les questions liées à ces aspects d’ordre environnementale ont pris de l’ampleur dans les législations et programmes gouvernementaux des Etats comme dans les différents cadres de partenariats bilatéraux et multilatéraux à l’échelle des communautés politiques et économiques régionales et internationales.

[1] Jacqueline Morand-Deviller, « Les institutions de l’environnement », Que sais-je ? 10e éd. (3 septembre 2010): 21‑33.

Le partenariat Europe Afrique constitue l’illustre exemple comme cadre officiel de coopération entre l’Union Européenne et le Continent Africain reposant sur la stratégie conjointe Afrique-UE adoptée en 2007 par les chefs d’État et de gouvernement lors du deuxième sommet UE-Afrique à Lisbonne qui s’est fixé parmi ses objectifs d’« intégrer le partenariat dans un contexte international en relevant ensemble des défis internationaux communs comme le changement climatique, la protection de l’environnement ou la paix et la sécurité. En adoptant des positions communes, l’Afrique et l’Europe auront plus de poids dans les enceintes internationales ».[1]

Le présent papier questionne, sur la base d’une analyse rétro et prospective, les perspectives, à court et à moyen termes, du partenariat Europe Afrique en matière de protection de l’environnement et de préservation des ressources naturelles dans un contexte marqué par la recrudescence des changements climatiques qui prennent de plus un plus un caractère structurel à l’échelle planétaire et dont les effets et impacts sont de loin plus ressentis chez les pays fragiles, notamment du continent africain.

1-    Fondements de la politique environnementale européenne

La politique environnementale européenne remonte au Conseil européen de Paris de 1972, au cours duquel les chefs d’État ou de gouvernement (au lendemain de la première conférence des Nations unies sur l’environnement) ont déclaré la nécessité d’une politique environnementale communautaire accompagnant l’expansion économique et préconisé un programme d’action. L’Acte unique européen de 1987 a introduit un nouveau titre consacré à l’environnement, qui constitue la première base juridique d’une politique environnementale commune visant à préserver la qualité de l’environnement, à protéger la santé humaine et à assurer une utilisation rationnelle des ressources naturelles. Les révisions ultérieures des traités ont renforcé l’engagement de la Communauté dans la protection environnementale et le rôle du Parlement européen dans son développement. Le traité de Maastricht (1993) a fait, parmi ces résolutions historiques, de l’environnement un domaine d’action officiel de l’Union européenne. Le traité d’Amsterdam (1999) a instauré, quant à lui, l’obligation d’intégrer la protection de l’environnement dans toutes les politiques sectorielles de l’Union en vue de promouvoir le développement durable. La « lutte contre le changement climatique » est devenue un objectif spécifique avec le traité de Lisbonne (2009), tout comme le développement durable dans les relations avec les pays tiers. La personnalité juridique permet désormais à l’Union de conclure des accords internationaux.[2]

[1] « Pourquoi une stratégie conjointe ? | Le Partenariat Afrique-UE », consulté le 19 décembre 2020, .

[2] « Politique environnementale: principes généraux et cadre de base | Fiches thématiques sur l’Union européenne | Parlement européen », consulté le 19 décembre 2020, ttps://www.europarl.europa.eu/factsheets/fr/sheet/71/politique-environnementale-principes-generaux-et-cadre-de-base.

2–    Place des questions environnementales dans le Partenariat Europe Afrique

Le partenariat Afrique-UE, créé en 2000 lors du premier sommet Afrique-UE au Caire, est le canal politique officiel par lequel l’Union européenne (UE) et le continent africain travaillent ensemble, s’engagent dans des dialogues politiques et définissent leur relation de coopération.

Le partenariat Afrique-UE, de par sa vocation, s’efforce de rapprocher l’Afrique et l’Europe en renforçant la coopération économique et en promouvant le développement durable, les deux continents coexistant dans la paix, la sécurité, la démocratie, la prospérité, la solidarité et la dignité humaine.

Les deux partenaires ont ainsi acté, dès la mise en place de ce partenariat, leur détermination à travailler ensemble sur une base stratégique et à long terme pour développer une vision commune des relations UE-Afrique dans un monde globalisé. Leurs intérêts communs incluent des questions telles que le changement climatique, la sécurité mondiale et les objectifs de développement durable.

Lors du sommet d’Abidjan, tenu en côte d’Ivoire le 29 novembre 2017, les deux parties ont convenu ce qui suit :

  • Déployer des efforts pour stopper et inverser la dégradation de l’environnement, qui peut avoir des conséquences potentiellement importantes pour le développement durable, notamment en ce qui concerne la sécurité et les migrations, le renforcement des capacités d’adaptation aux effets négatifs du changement climatique et des chocs environnementaux y afférents, et d’accroitre la résilience à la dégradation de l’environnement, à la désertification, aux menaces pour la santé et aux crises humanitaires, en s’attaquant aux facteurs de vulnérabilité. Promouvoir l’utilisation des technologies et des données spatiales telles que le programme européen pour l’observation et la surveillance de la Terre (Programme Copernicus) pour fournir des informations et le projet GMES-Afrique ;
  • Reconnaitre le changement climatique est l’une des menaces qui pèsent le plus sur la réalisation du développement durable à l’échelle mondiale. S’attacher à la pleine mise en œuvre de l’Accord de Paris et, en tant que partenaires de la CCNUCC, continuer à renforcer la résilience aux effets du changement climatique et à poursuivre la promotion de faibles émissions de carbone et de la résistance aux changements climatiques dans tous les domaines du partenariat UA-UE ;
  • S’engager à lutter contre l’exploitation illégale des ressources naturelles et le trafic de la faune sauvage et à promouvoir une gestion adéquate et durable des ressources naturelles ;
  • Favoriser la prise en compte et l’intégration des facteurs relatifs aux changements climatiques et à la gestion durable des ressources naturelles dans nos politiques et nos actions, notamment en matière de prévention de conflits, de médiation et des processus de consolidation de la paix. S’appuyer sur des initiatives importantes, telles que l’Accord de Paris sur le changement climatique et la prévention des conflits et le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe.

Ces engagements témoignent de la maturité qu’a atteint l’intégration des questions environnementales dans les programmes de coopération entre les deux parties et ouvrent sur des perspectives prometteuses en la matière.

3–    Coopération environnementale UA_UE : Quelles perspectives à court et moyen terme ?

Les priorités identifiées quant aux actions à mener, à court et à moyen terme, dans les différents domaines d’intérêt communs, notamment les aspects d’ordre environnemental sont comme suit :

  • La mise en œuvre intégrale du Système de surveillance mondial pour l’environnement et la sécurité (GMES) au-delà de la première phase ;
  • Le renforcement du soutien conjoint fourni jusqu’ici au Groupe africain des négociateurs aux fins de suivi de l’Accord de Paris, et du soutien aux engagements au titre des contributions déterminées au niveau national (CDN) ;
  • Le soutien des efforts de l’Afrique dans le domaine de l’atténuation, de l’adaptation et de la gestion des risques de catastrophe, en particulier grâce au soutien à l’initiative d’adaptation pour l’Afrique, en tenant compte de la situation plus vulnérable des petits Etats insulaires en développement d’Afrique (PIED) et des autres pays à risque
  • Le financement de la lutte contre le changement climatique et confirmés à Cancun (2010), dont l’objectif est d’atteindre 100 milliards de dollars à l’horizon 2020 ;La fourniture de soutien technique au pays Africains pour atténuer l’impact économique négatif que le Pacte vert Européen pourrait induire, compte tenu de la situation économique de plus en plus précaire de l’Afrique et particulièrement en raison du COVID-19.
Conclusion

Il apparait clairement que face à l’accentuation du changement climatique et de ses impacts qui déstabilisent de plus en plus les systèmes environnementaux à travers le monde, les programmes de coopération à l’international, notamment le partenariat UA-UE, considèrent de plus en plus les sujets et thématiques qui ambitionnent l’adaptation et l’atténuation de ses néfastes effets.

Ceci étant dit, la priorité dans le cadre de ladite coopération devrait être orientée davantage vers le renforcement de la durabilité des systèmes environnementaux et de l’efficacité des programmes menés, notamment en faveur des populations les plus fragiles.

Cette coopération pourrait également s’appuyer davantage sur les initiatives lancées en Afrique (initiative AAA à titre d’exemple), sur le partage des expériences entre les pays du sud, eux même, avec l’appui technique et financier des institutions financière et de l’UE.

Dans ce sens, des instruments de financement appropriés et simplifiés devraient être mis en place en vue d’assurer l’harmonisation des interventions par rapport aux objectifs et une utilisation plus efficace des ressources. Ce n’est qu’ainsi que l’UE et à l’Afrique parviendraient à mettre en place un avenir à faible intensité de carbone, et résilient face au changement climatique, conformément aux objectifs tracés dans le cadre de l’accord de Paris.

 

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